Le 3 novembre 2016, le Ministère de l’Éducation Nationale a organisé la 2ème journée nationale « non au harcèlement » consacrée au thème du cyber harcèlement.
Vous pouvez consulter et télécharger le guide de prévention des cyberviolences en milieu scolaire.
Le site http://www.netpublic.fr/ propose de nombreuses ressources, tutos, vidéos pour accompagner l'accès de tous à Internet.
Dans les cas de harcèlement sur mineur (qui peuvent être harcelés par des pairs mais aussi par des adultes), en consultation, je privilégie une approche en thérapie systémique familiale, suivie d'entretiens individuels scindés avec l'enfant ou l'adolescent ; une attitude soutenante, empathique, authentique permet à la victime souvent enfermée dans le silence, l'isolement et la crainte de parler, de dérouler son vécu douloureux, d'évoquer ses tentatives de solutions infructueuses et épuisantes, puis de restaurer confiance et estime de soi, de construire une stratégie qui ait du sens aussi pour elle et d'impliquer la famille.
La stratégie du 180° ou du boomerang (voir "Je me défends du harcèlement" d'Emmanuelle Piquet, Albin Michel Jeunesse), la relaxation et la méditation de pleine conscience permettent aussi de gérer le stress et l'anxiété associés à la situation.
Autour de l'enfant ou de l'adolescent, d'autres acteurs notamment ceux des établissements scolaires doivent être mobilisés (CPE, enseignants, chef d'établissement, infirmière scolaire, médiateurs, délégués, pairs) ainsi que les associations de parents qui sont d'une grande aide sans oublier les recours juridiques.
La victime comme les témoins et dénonciateurs doit pouvoir compter sur les adultes. Le harcèlement est un acte grave; un délit qui relève du Code pénal, qu'il soit de forme 'classique' (jusqu'à 18 mois de prison et 7500 euros d'amende) ou cybernétique ("happy slapping" passible de 5 ans de prison et 75000 euros d'amende); les parents restent responsables civilement des actes du harceleur et redevables des dommages et intérêts éventuels.
La pire chose à faire serait de convoquer le harceleur cinq minutes, de le sermonner et de le renvoyer.
La victime et les dénonciateurs doivent être protégés d'éventuelles représailles.
Je vous recommande la lecture du livre de Nora Fraisse "Stop au harcèlement, le guide pour combattre les violences à l'école et sur les réseaux sociaux" paru en 2015 chez Calmann-levy). Suite au suicide en 2013 de sa fille Marion qui était harcelée à l'école, Nora Fraisse a également publié "Marion, 13 ans pour toujours" et fondé l'association "Marion Fraisse, la main tendue".
Nicole Catheline, pédopsychiatre, (auteure de Le harcèlement scolaire, Paris, Presses Universitaires de France « Que sais-je ? », 2015) propose une définition du harcèlement qui s'appuie sur trois critères :
- une conduite intentionnellement agressive. L'agresseur a vraiment l'idée de le faire. Cela permet donc de la différencier de la bagarre.
- une conduite qui se répète régulièrement mais pas nécessairement quotidiennement. Au départ, beaucoup d'enfants ou d'adolescents n'ont pas forcément conscience de la gravité de la chose parce qu'il peut y avoir des périodes de harcèlement qui alternent avec des périodes où ils sont au contraire tout à fait camarades et copains. Or, c'est la durée qui entraîne la pérennisation et la gravité du harcèlement.
- une conduite qui induit une relation dominant-dominé.
Une autre définition:
« Un élève est victime de harcèlement lorsqu’il est soumis de façon répétée et à long terme à des comportements agressifs visant à lui porter préjudice, le blesser ou le mettre en difficulté de la part d’un ou plusieurs élèves. Il s’agit d’une situation intentionnellement agressive, induisant une relation d’asservissement psychologique, qui se répète régulièrement. » (Olweus, 1993).
La violence est susceptible d’être exercée sous diverses formes, physiques, morales voire sexuelles. Le harcèlement revêt des aspects différents en fonction de l’âge et du sexe.
Les risques de harcèlement sont les plus forts en fin de primaire et au collège. Le harcèlement est fondé sur le rejet de la différence et sa stigmatisation et les critères sont identiques dans tous les pays :
- l’apparence physique,
- l’identité de genre : garçon jugé trop efféminé, fille jugée trop masculine ;
- les handicaps (essentiellement le handicap psychique ou mental tel que l’autisme) ;
- l’appartenance à une minorité sociale ou culturelle.
La dynamique du harcèlement est triangulaire.
La relation victime-agresseur-spectateurs est centrale, le harceleur parvenant à faire de ses camarades spectateurs ,les complices de ses actes installant ainsi une relation de domination sur la victime. Harceleurs et harcelés partagent souvent la même vulnérabilité.
Le harcèlement se construit sur la résignation et le silence de la victime
Plus vulnérables que les autres enfants, les victimes de harcèlement parlent encore moins volontiers que les élèves qui subissent d’autres types de violences scolaires. Parce qu’ils ont peur des représailles, mais aussi parce qu’ils ont honte.
En s’enfermant dans ce silence, ils donnent libre cours à leurs agresseurs. Ostracisée par ses pairs, réduite au silence et ne se plaignant jamais, la victime est trop souvent perçue comme peu sociable par les adultes, ce qui la prive de leur soutien.
La caution des spectateurs fait du harcèlement un phénomène de groupe.
Si une partie de son origine se situe dans les personnalités respectives de l’agresseur et de l’agressé, le harcèlement ne se maintient que parce que les pairs le soutiennent, l’encouragent ou feignent de l’ignorer, soulagés de ne pas être à la place de la victime. Les spectateurs, témoins actifs ou passifs valident le processus du côté du harceleur qui se sent conforté, mais aussi du côté de la victime qui se trouve définitivement privée d’aide et d’empathie, ce qui accentue son isolement et fait le lit de la honte et de la perte de l’estime de soi.
Un défaut de vigilance des adultes
Une absence de regard sur les mécanismes de construction du groupe et une absence d’aide à son fonctionnement dynamique peuvent favoriser la mise en place d’une situation de harcèlement.
Il en est ainsi lorsque l’ambiance entre adultes de la communauté éducative est mauvaise : par exemple lorsque les adultes ne communiquent pas entre eux du fait de conflits interpersonnels, ou au contraire lorsque les conflits entre adultes sont manifestes et connus de tous.
Ces situations rendent momentanément les adultes indisponibles pour observer et gérer les relations entre élèves, préoccupés qu’ils sont par leurs propres différends.
Les enfants et adolescents sont extrêmement sensibles au défaut de cadre structurant donné par les adultes.
Les idées reçues à combattre avec énergie :
- « Harcèlement est un mot un peu fort pour désigner des moqueries. »
- « Le harcèlement a toujours existé, pourquoi s’en préoccuper actuellement ? »
- « Ce sont des histoires entre enfants, il vaut mieux ne rien faire au risque d’aggraver les choses. »
C’est une idée reçue contre laquelle il faut lutter avec énergie. L’absence de réaction des adultes renvoie les protagonistes à leur propre souffrance. Le sentiment d’abandon des victimes peut les conduire à retourner cette souffrance contre eux ou contre les autres. - « Il suffit de punir sévèrement ou d’exclure les harceleurs. »
- « Les harcelés ne sont pas toujours innocents : ils provoquent souvent. »
- « Ce n’est pas à l’École de régler ce problème, mais aux parents. »
- « Le cyberharcèlement ne concerne pas l’école. »
Les études révèlent que les élèves victimes de cyberharcèlement le sont également souvent à l’école. Pour leur agresseur, internet offre une cour de récréation virtuelle dans laquelle ils vont poursuivre leurs entreprises. - « Il est impossible de surveiller un enfant qui utilise les réseaux sociaux, de toute façon c’est un monde qui échappe aux adultes. »
- « On ne peut rien contre l’effet de groupe. » Au contraire, apprendre à vivre ensemble est l’un des objectifs.
Des conséquences négatives à court, moyen et long terme existent pour victimes,témoins et harceleurs.
Répérage
Tout changement brutal d'attitude, humeur comportement, résultat scolaire chez l'enfant et l'adolescent doit alerter les adultes et les amener à se questionner. La réponse d'un enfant ou d'un adolescent à une situation de harcèlement sera différente et difficile à différencier d'autres situations (ex: maltraitance).
Les actions de prévention
Les pays engagés de longue date dans la prévention du harcèlement peuvent maintenant témoigner des meilleures conditions à réunir pour la réussite d’un tel projet. Six conditions semblent nécessaires.
- un bon climat scolaire
- la mise en place de règles claires
- la participation et l’implication des parents
- l'existence de lieux de parole pour échanger au sein des établissements scolaires
- la mise en place de pratiques collaboratives régulières entre enfants et d’un travail sur l’empathie dès le plus jeune âge
- l’inscription dans la durée
(source : Le harcèlement entre élèves I Comprendre le harcèlement entre élèves, Guide pratique, Ministère de l'Education Nationale, janvier 2012)
Ressources
- Jeunes Violence écoute : 0 808 807 700
- Numéro stop harcèlement : 0 808 807 010
- http://www.e-enfance.org/ 0 800 200 000 (appel gratuit)
e-Enfance a un rôle de sensibilisation sur les risques d’Internet vis-à-vis des enfants et a aussi pour vocation de conseiller les parents afin de leur permettre d’exercer une autorité en tant que « cyberparent ». - Le Centre Hubertine Auclert qui s'inscrit pour la promotion de l'égalité hommes-femmes propose également des outils de compréhension, d'action et de lutte contre le cybersexisme : http://www.centre-hubertine-auclert.fr/stop-cybersexismehttp://www.nonauharcelement.education.gouv.fr/ Numéro d'appel gratuit : 30 20
- Association Marion, la Main tendue : https://www.facebook.com/marionlamaintendue/
- Contre les violences scolaires : https://www.facebook.com/ContreLesViolencesScolaire/?ref=py
- http://www.antibullyingpro.com/
- Le prix « coup de cœur » de l’académie de Paris distingue une affiche ou une vidéo illustrant la lutte contre le harcèlement. Pour cette troisième édition, c’est le projet vidéo de l'école Baudricourt (Paris 13e) qui l’a emporté :
https://www.ac-paris.fr/portail/jcms/p2_1320596/non-au-harcelement-prix-coup-de-coeur-pour-l-ecole-baudricourt-13e - Film québécois 1'54 sorti en mars 2017 en France
Des outils de prévention prometteurs :
- le très documenté site du programme national suisse de prévention "Jeunes et violence" offre de nombreux outils de prévention en famille, à l'école et dans l'espace social.
Concernant l'école, des outils pratiques, des articles, un bilan des actions, des expérimentations-pilotes en résolution de conflit :
http://www.jeunesetviolence.ch/fr/themes/prevention-ecole.html
- Communication non violente (CNV)
- le guide du jeu des trois figures ou comment cultiver l'empathie, par Serge Tisseron (psychiatre) : http://www.sergetisseron.com/le-jeu-des-trois-figures/guide-pratique/
- des jeux pour développer l'empathie et la coopération, par le sociologue Omar Zanna de l'Université du Maine : https://vimeopro.com/user5725972/innovation-solidaire-innovation-sociale/video/128556177
Du bon usage des médias numériques
- Programme européen : www.SaferInternet.fr
- http://www.netpublic.fr/
- S’informer : www.InternetSansCrainte.fr
- Signaler un contenu choquant : www.pointdecontact.net
- Ligne gratuite d’assistance téléphonique Net écoute : 0 800 200 000
- Trouver et recommander des contenus en ligne de qualité : www.PanelParents.fr
- Pour les enfants : www.vinzetlou.net
- Plusieurs jeux sérieux pour adolescents :
www.2025exmachina.net
www.isoloir.net
www.stoplaviolence.net - S’informer sur les jeux vidéo : www.pedagojeux.fr
- Centre de sécurité @Facebook : https://www.facebook.com/safety
Développée en partenariat avec le Yale Center for Emotional Intelligence, la plate-forme de prévention contre le harcèlement est une ressource destinée aux adolescents, aux parents et aux éducateurs qui cherchent du soutien et de l’aide pour les questions liées au harcèlement et à d’autres conflits.